Après avoir passé Pâques dans l’église russe trois ans plus tôt, en 1891, Tchekhov est revenu à Nice.
C’est à la Pension russe dans l’actuel quartier des Musiciens, cette institution devenue depuis l’Hôtel Oasis, que Mme Krougopoleva, la propriétaire, l’accueillera.
Tchekhov arrive avec une intention oisive et surtout pour lire et profiter du climat. Il est médecin, même si on lui prête quelques talents d’écrivain.
Comme le dit Tchekhov lui-même, c’est « pour lire, pas pour écrire » qu’il décide de passer l’hiver à Nice, avec le bortsch de betteraves préparé dans sa pension russe.
Tchekhov est volage et il n’est pas rare de le voir errer sur la Promenade des Anglais au bras de ses conquêtes intimes au sein de la communauté russe. Avec son climat idéal, son soleil et son décor fleuri, Nice avait une importante communauté russe. C’est pourquoi elle disposait d’un cimetière, de magnifiques palais, d’un journal et même d’une bibliothèque.
Ne lirons pas quelques années plus tard dans une de ses nouvelles qui prend vie à Nice, Le Récit d’un inconnu, que Zinaida Feodorovna s’est empoisonnée avant d’être enterrée dans le cimetière russe ?
Heureusement, il pleut parfois à Nice. Contraint de rester à l’intérieur, Tchekhov sort sa plume pour écrire. Un passe-temps comme un autre, selon lui. Il écrit des remarques élogieuses sur Zola et son « j’accuse ».
En contemplant les arbres du jardin depuis la fenêtre de l’établissement, il trouve l’inspiration pour écrire Le Petchenègue.
C’est d’ailleurs cette même fenêtre à la Pension de la rue Gounod, qu’il retrouvera quelques années plus tard, en 1900, l’inspiration pour terminer sa pièce Les Trois Sœurs, un véritable chef-d’œuvre de la littérature mondiale et exprimera enfin son bonheur : « les fenêtres de ma chambre sont grandes ouvertes, celles de mon âme aussi ».